Pour avoir pu échanger ces dernières semaines avec des professeurs documentalistes récemment titularisés, j’ai appris que Cactus acide était notamment suivi par des collègues en recherche de méthodes et de matériaux rapidement exploitables. Je me propose donc ici d’approfondir, dans une dimension, disons plus opératoire, ce premier schéma, extrait d’un précédent article. En particulier, j’entends contextualiser la tâche pédagogique, qui forme ci-dessous la pointe de la flèche, dans le cadre d’une séance pédagogique.
Au préalable, j’aimerais apporter quelques précisions sur les étapes préliminaires à cette formalisation d’une séance ou séquence pédagogique. Je pense essentiel de référer cette construction à une problématique ainsi que de l’inclure, lorsque c’est possible, dans une progression. Ce qui me semble d’autant plus vrai pour les professeurs documentalistes qui, nous le savons bien, sont le plus souvent sollicités ponctuellement. Cette première assise, en ce qu’elle renvoie à des savoirs, participe d’une appropriation épistémologique de l’information-documentation. C’est placer les élèves face à des enjeux auxquels ils peuvent être confrontés, sans nécessairement les comprendre d’emblée, mais qu’il est important pour eux de pouvoir un jour intégrer à leur réflexion. A cette fin, le sens que nous donnons à notre enseignement, de par les multiples interrelations entre savoirs déclaratifs, procéduraux et conditionnels, constitue la lecture que nous donnons du monde aux élèves. Il me semble donc primordial de situer notre action pédagogique dans un contexte, qu’il soit général, de l’ordre des enjeux, ou plus spécifique à l’information-documentation, inclus dans une progression. C’est par ailleurs, plus concrètement, se donner la possibilité pour l’enseignant de dégager des objectifs pédagogiques, atteints ou non selon l’évaluation d’une tâche.
Le précédent paragraphe introduisant la distinction entre objectifs généraux et objectifs spécifiques, je vais plutôt me concentrer sur la notion de tâche et sur ce que recouvre l’évaluation. Par tâche, j’entends l’acquisition d’un savoir qui se fait par le biais d’un matériau, par exemple un document ou le logiciel documentaire du CDI, selon une consigne. Avoir à l’esprit ces trois éléments, à l’usage, me semble être une méthode pertinente pour construire une séance et élaborer un « dispositif pédagogique ». Il me semble par ailleurs important de concevoir une tâche pédagogique en s’efforçant de la considérer tant du point de vue du professeur que de celui de l’élève. L’idée est ici d’anticiper la compréhension et le comportement des élèves, ce qui n’est jamais tout à fait possible, mais doit tout de même permettre d’éviter quelques déconvenues, notamment au sujet de la compréhension de la consigne. En plus de cette visualisation de l’activité, il est par ailleurs important de la décomposer en autant de micro tâches selon le niveau des élèves, ce qui concourt à structurer leur sens de la logique. Ce découpage en tâches successives peut donner lieu à autant d’évaluation formative pour avancer dans la progression de l’activité. Sur ce second point, l’évaluation, je pense important de procéder à une évaluation diagnostique en début de séance afin d’ajuster, cas échéant, les objectifs visés. Ce qui est sans doute particulièrement le cas pour le numérique, entre pratiques « informelles » et « scolaires » des élèves. Ces temps d’échanges avec les élèves sont en outre souvent très instructifs pour les enseignants que nous sommes et qui parfois, il faut bien l’admettre, n’échappent pas à quelques idées reçues. Au sujet de l’évaluation en fin de séance, je trouve constructives les formes d’auto-évaluation qui développent chez l’élève, par un retour sur l’activité, les compétences métacognitives, particulièrement importantes lorsque l’on passe d’une séance à une séquence dans la durée.
Voilà ce qui à mon sens peut constituer des points de repère pour construire une séance pédagogique. Les objectifs apportent le sens que les élèves triturent à convenance dans l’exécution de la tâche. L’enseignant fait signe et donne du sens à l’erreur pour que ce qui convient soit juste. C’est du moins je l’espère ma pratique, pour laquelle je ne conçois aucune prétention, bien conscient que l’enseignement de chacun se construit dans le temps longs des pratiques sans cesse réinventées.