Je me propose dans cet article de prolonger le précédent où, à la lecture d’un texte d’Alain Giffard, il me semblait opportun d’envisager la navigation hypertextuelle sous l’angle d’une lecture-écriture documentaire. Ne serait-ce que parce que cette dernière participe de la lecture-écriture informationnelle. Un déplacement de focal, en somme, où ma réflexion va se porter de l’information vers le document, le lien hypertexte restant l’entrée principale. J’en reviens pour ce faire au dictionnaire des concepts info-documentaires qui propose une distinction entre dimension matérielle, structurelle et matérielle qui simplifie l’approche didactique et pédagogique. L’hypertexte, me semble t-il, se retrouve ici à la croisée des lecture-écriture, que l’on aborde la notion d’auteur pour la dimension intellectuelle, celle du discours (ou « forme sémiotique » selon Bruno Bachimont) pour la dimension structurelle, et enfin la notion de support pour la dimension matérielle. Je précise me référer à cette typologie dans un but de clarification mais, en réalité, les interrelations de ces trois dimensions sont plus complexes. Que l’on garde à l’esprit par exemple le concept d’architexte. Les métadonnées, aussi, mériteraient d’être abordées pour elle même.
Si l’unité documentaire d’un texte est identifiable par son URL, les liens hypertextes participent d’une nouvelle forme d’énonciation éditoriale caractérisée par « le caractère labile de l’écrit d’écran et des écrits de réseaux » (Emmanuel Souchier). Nouvelle forme d’énonciation qui suppose l’acquisition de savoirs qui fassent signes, que l’on soit en situation de lecture ou d’écriture. Considéré du point de vue de l’auteur cela suppose que nos élèves soient en mesure de distinguer les différentes fonctions du discours, mais encore de situer les auteurs dans leur navigation hypertextuelle, qu’ils cheminent à partir du texte original ou dans les péritextes . En particulier lorsque les commentaires impliquent de nouveaux auteurs. La dimension intellectuelle rejoint ici la dimension structurelle du document avec pour impératif de permettre à l’élève de se situer dans le discours et dans la page web, qu’il soit lecteur ou lui-même en situation de publication. Je suppose ici pertinent d’aborder avec les élèves les contraintes spécifiques à l’écriture des hyperliens, appelés parfois « liens qualifiés » lorsqu’ils prolongent le raisonnement de l’auteur hors du document original. De même qu’il apparait plus qu’urgent d’aborder les différents supports, tant d’un point de vue documentaire que technique, ainsi que les conditions réglementaires d’utilisation qui leurs sont associées selon les contextes.
Je ne suppose pas être en mesure de proposer de séquence pédagogique type qui réponde à ces objectifs. Ce serait l’envisager sur un volume horaire dont nous ne disposons pas. Par ailleurs, nous savons bien que pour être efficace un enseignement doit s’inscrire dans le durée. De même que les savoirs abordés doivent l’être de manière fragmentée et progressive afin d’éviter les surcharges cognitives et faire sens dans la continuité. Pourtant les enjeux, éducatifs et sociocognitifs, sont importants ;du moins si l’on veut bien dépasser les seuls outils et entrevoir dans le numérique de nouvelles grammaires, potentielles, qu’il ne nous faudrait pas, enseignants, négliger. En conséquence, je suppose au moins salutaire d’aborder les notions d’auteur, de « discours » et de support afin de permettre à nos élèves de conceptualiser, a minima, l’environnement médiatique dans lequel ils évoluent. Je pense par ailleurs important de s’approprier le concept de « média », à la convergence des lecture-écriture documentaires et informationnelles, et d’en faire l’objet propre de situations d’enseignement-apprentissage. J’entrevois ici une série d’articles à venir…
Pour terminer, je vous invite à prendre le temps de lire l’allégorie qui se cache derrière l’image ci-dessus…, un lien hypertexte inattendu, mais très instructif.
10 réponses sur “Le lien hypertexte, lecture-écriture documentaire”